A PROPOS

DEMARCHE ARTISTIQUE

Les œuvres de Sonia Souissi s’inscrivent dans une recherche où le temps et les cultures dialoguent : entre passé et présent, Sud et Nord, visible et invisible. Le féminin sacré y tient une place centrale, non comme simple représentation, mais comme principe de transmission, de transformation et de résistance.

Chaque toile naît d’un dialogue sensible entre la mémoire collective et le ressenti personnel, entre le langage du symbole et le silence de l’intime. Originaire de l’archipel de Kerkennah et installée à Paris, je puise dans mes racines méditerranéennes une source profonde d’inspiration. Mon univers plastique s’est construit au fil du temps autour d’une recherche mêlant illustration, iconographie ancestrale, motifs archaïques et symboles liés au féminin. Mon œuvre se développe dans une méditation visuelle où réel et imaginaire, croyances anciennes et perceptions intuitives s’entrelacent pour interroger la place de la femme — à la fois gardienne du sacré, figure de transmission et pilier social et économique.

Le symbole occupe une place centrale dans ma démarche. Il s’inscrit dans un cycle vivant, nourri par la mémoire historique et les forces créatrices des premières civilisations — néolithique, berbère, phénicienne — et en étroite résonance avec la nature. Cette dernière, omniprésente dans mon imaginaire, inspire formes, rythmes et couleurs. Les symboles se manifestent à travers des signes géométriques ou organiques, empreints de spiritualité, porteurs de concepts universels tels que la vie, la mort, l’espoir, la force, la sagesse ou la paix. Ils constituent un langage plastique à la fois ancestral et contemporain, que je développe dans des compositions oscillant entre miniatures rituelles et graffitis expressifs. Par ce biais, je cherche à traduire une mémoire vivante, incarnée dans une grammaire visuelle vibrante et accessible au-delà des frontières culturelles et temporelles.

La peinture, pour moi, est un langage vital, une forme d’écriture intuitive. Mon processus est libre et souvent ritualisé. Il débute par une méditation nourrie de récits oraux, de textes anciens, de chants ou de souvenirs, et se prolonge dans la matière : l’huile, l’acrylique, les pigments, les textures. Par couches successives, les formes émergent : fragments de figures féminines, motifs inspirés de l’art rupestre, réminiscences textiles ou architecturales. Chaque toile devient une cartographie intérieure, un territoire de sensations, d’échos enfouis, de silences transmis.